L’autrice
On sait peu de choses sur Maria Larrea, mise à part la courte biographie que nous présente Grasset, sa maison d’édition. Celle-ci est née à Bilbao en 1979, elle est aujourd’hui scénariste et réalisatrice, auteure de nombreux courts-métrages après avoir suivi des études cinématographiques à la prestigieuse école de la Fémis. Pour le reste, on vous conseille vivement de lire son premier roman, Les gens de Bilbao naissent où ils veulent, qui vous donnera des clés sur son parcours, entre récit autobiographique et roman des origines.
Le livre
Le roman commence par la naissance et l’abandon qui s’ensuit de deux enfants que leurs mères sont contraintes de placer dans des établissements d’accueil. L’un, Julian, fils d’une prostituée de Bilbao, grandira chez les Jésuites. L’autre, Victoria, née en Galice, passera son enfance dans un couvent. Devenus adultes, l’un et l’autre se rencontrent, s’aiment, se marient, élèvent une petite fille prénommée Maria, et immigrent à Paris, où ils trouvent une place de gardiens au théâtre de la Michodière. Entre ces deux êtres bléssés, la jeune Maria vivra une jeunesse chaotique, entre excès et sorties de route, avant de réaliser son rêve de cinéma en intégrant la grande école de la Fémis, où elle apprend son métier de réalisatrice. La rencontre avec une tarologue, alors qu’elle semble enfin stabilisée, va l’emmener vers une enquête liée à sa naissance, à ses origines, qui lui permettra d’éclairer son propre parcours, tout en mettant au jour l’histoire espagnole du 20ème siècle.
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La constellation
Le livre de Maria Larrea pourrait se situer quelque part entre L’Art de voler, d’Antonio Altarriba, L’Art de perdre, d’Alice Zeniter, et Scandale dans la famille, de Sacha Distel. Du premier, et de son album magnifique sur l’histoire de son grand-père, on retrouve l’approche historique de l’Espagne au fil du 20ème siècle, notamment le règne de Franco à l’issue de la guerre civile de 1936 , la Seconde Guerre mondiale, le scandale des enfants volés dans les années 70… De la seconde, on s’approche dans la dimension familiale, le rapport à l’histoire, le lien à l’immigration, et le parcours d’une jeune femme d’aujourd’hui en quête de son identité, de ses racines et du destin de ses aînés. Du troisième, dont la fameuse chanson de variété est évoquée dans le livre de Maria Larrea, on retrouve l’idée du secret sur la naissance, et notamment dans ses paroles qui traversent le roman – « Ton père n’est pas ton père mais ton père ne le sait pas » – et qui font écho aux visions de la tarologue qui va bouleverser l’existence de l’héroïne. A la différence que dans le cas de Les gens de Bilbao naissent où ils veulent, ce n’est pas le père qui ignore la vérité…
– Antonio Altarriba, L’Art de voler, Denoël 2011, rééd 2017
– Alice Zeniter, L’Art de perdre, Flammarion, 2017
– Scandale dans la famille, chanson de Sacha Distel, 1966