Les chroniques littéraires Jeunesse / Octobre 23

En octobre, place à la littérature jeunesse ! Parmi les nombreux livres adressés aux plus jeunes, nous vous proposerons des pistes de lecture. Chaque semaine, cet article sera enrichi d’une nouvelle critique. Au final, 4 livres vous seront présentés et chroniqués au cours du mois d’octobre, par l’équipe de la FdLB.

Par l’équipe de la Fête du Livre de Bron.

Samedi 30 septembre
Les formidables journées de Piloursine, Emmanuelle Houdart
(Thierry Magnier)

Les formidables journées de Piloursine commencent et finissent toutes dans son petit lit de bois vert, garni de couvertures et d’étoffes dont les motifs annoncent les aventures du jour. Car cette petite fille espiègle et déterminée, dont on peut supposer qu’elle n’est autre que l’autrice enfant, bondit chaque matin pour faire du quotidien une fête. La voilà partie à l’exploration du monde sur le dos d’un guépard ou en conversation avec une sirène qu’elle vient de pêcher, dans un élan communicatif – toujours vers la droite du livre – que seule la gourmandise semble arrêter. Elle partage alors entremets, crèmes glacées, nectar d’abricot et même gâteau d’anniversaire monté sur patte avec les créatures imaginaires qui peuplent ses journées. Si les quatre histoires d’Emmanuelle Houdart reprennent la structure classique du conte pour enfants, elles sont aussi imprégnés de son univers inimitable et raffiné fait d’images aux couleurs audacieuses et aux détails surprenants qu’elle déploie ici dans des doubles-pages rappelant les cabinets de curiosité d’autrefois. Un nouvel album qui promet aux enfants un monde où tout est permis, et c’est extrêmement réjouissant !
Dès 3 ans.
À retrouver Chez mon libraire

 

Samedi 7 octobre
Nuit de Chance, Sarah Cheveau
(La Partie)

Si la forme du nouvel album de Sarah Cheveau surprend par rapport à ses trois précédents livres, on y retrouve son plaisir à jouer et à expérimenter pour les enfants, dans un très bel objet comme les éditions La Partie savent les façonner. Un soir, à la tombée de la nuit, la narratrice nous raconte qu’elle s’est enfoncée dans la forêt. Elle y a observé, d’abord des arbustes, des arbres dénudés, mais sans jamais les nommer. Puis elle croise furtivement un écureuil et un lièvre en fuite, les désigne, puis d’autres animaux, toujours de passage, comme si le cœur de la forêt était ailleurs. On frôle les arbres avec elle, on plisse les yeux, on se baisse. Plus on s’enfonce, plus les contours s’estompent, plus les bêtes se fondent dans la nuit. La brume dissimule les mouvements. Tout fait corps. On se retrouve au cœur de la matière, l’épaisseur de la nuit d’abord, les feuillages, l’écorce, puis les pelages. Tout est palpable. Et puis au plus profond de la nuit, quand la lune est montée bien haut, le regard enfin habitué, la vraie rencontre a lieu. En fin de livre, Sarah Cheveau expose au lecteur les dessous de son travail : elle décompose la technique du dessin au fusain, raconte la transformation en charbon du bois qu’elle a elle-même récolté, et présente même son nuancier de teintes de bois brûlé, une palette de noirs, de marrons et de gris conçue avec des essences aux noms évocateurs comme le saule tortueux, le noisetier pourpre ou encore le mélèze doré. Un livre qu’on referme en se disant que c’est vraiment notre jour de chance !
Dès 4 ans
À retrouver Chez mon libraire

 

Samedi 14 octobre
Les 9 vies extraordinaires de la princesse Gaya .
Illustrations : Régis Lejonc
Textes : Annie Agopian, Fred Bernard, Anne Cortey, Alex Cousseau, Anne Jonas, Henri Meunier, Ghislaine Roman, Cécile Roumiguière, Thomas Scotto
(Little Urban)

Quand l’artiste Régis Lejonc imagine un nouveau projet artistique en s’associant à neuf auteurs importants de la littérature jeunesse et aux éditions Little Urban, cela donne un album illustré de très grande envergure, un magnifique recueil de contes au dos toilé dont on sait avant même de l’avoir ouvert qu’il sera une lecture rare. Chacune des neuf histoires du livre raconte une des vies de Gaya, une princesse au destin extraordinaire à qui la Mort a offert de vivre huit vies supplémentaires. Toutes ont comme point de départ une illustration de Régis Lejonc, qui a choisi de placer les intrigues dans des époques et des environnements différents. De la Bavière médiévale aux confins du Mexique aujourd’hui, on voit évoluer un personnage féminin fort, courageux, libre et décidé. Elle change de nom, elle a différents âges. Princesse en Chine impériale, chamane en Amazonie, enfant métisse à Saint Domingue, fille pirate aux Bahamas…  Chaque écrivain invité s’empare à sa façon de l’illustration confiée par l’artiste, explore des territoires d’écriture entre étrange et merveilleux pour inventer sa propre mythologie. Ces récits singuliers enrichissent les images de Régis Lejonc qui créent l’unité dans son style graphique unique : des compositions majestueuses, en ligne claire et aux couleurs intenses, qui foisonnent d’influences et entremêlent les règnes humain, animal et végétal… Chef d’œuvre aux multiples facettes, à découvrir et redécouvrir, seul ou en famille, l’album constitue par ailleurs une aventure éditoriale réjouissante puisqu’il a bénéficié d’un processus de création hors norme : une résidence artistique réunissant l’illustrateur, les auteurs et les éditeurs, un premier tirage de tête sur financement participatif pour une rémunération équitable des auteurs, et une publication par les éditions Little Urban pour une diffusion plus large.
Dès 9 ans
À retrouver Chez mon libraire

 

Samedi 21 octobre
Comme une famille, Rachel Corenblit
(Nathan)

Les premiers pas de l’homme sur la Lune en 1969, la finale de la Coupe du monde de football en 1998, l’élection de Barack Obama en 2008, les attentats de Paris en 2015… Ces évènements de l’histoire rythment le nouveau roman de Rachel Corenblit qui met en scène, sur 50 ans et 3 générations, l’histoire de la famille Diangello. Cette chronique familiale débute en 1969 par la rencontre de Catherine et Emilio, suivie des naissances de leurs enfants, Claudia l’aînée, Pierre et Luigi les jumeaux, puis de celle de Candice la benjamine qui cause la mort de leur mère. Le temps passe, les enfants deviennent des adolescents, puis à leur tour des adultes, et des parents. Et ce qu’ils vont vivre sur cette longue période est à la fois ordinaire et exceptionnel : de la joie et du désordre, de l’espoir et du doute, des coups de gueule et des coups de cœur, des silences et des révoltes… Dans ce roman choral, Rachel Corenblit réussit à mêler l’intime et l’universel pour montrer la force du lien indéfectible qui se tisse dans une fratrie orpheline de mère, malgré tout ce qui sépare les frères et sœurs : les choix de vie, l’éloignement géographique et les épreuves vécues. Une saga ample et puissante, portée par la justesse de l’écriture, au plus près des voix et de l’élan de vie de ses personnages.
Dès 13 ans.
À retrouver Chez mon libraire

Partage
Tags

Suivez-nous
© Fête du livre de Bron 2021

Appuyez sur “Entrée” ou cliquez sur l’icône de recherche pour afficher les résultats.